17 mai 2007

Otilia et Gabita


Après une matinée bien remplie par une ultime « conférence de rédaction » autour du quatre pages législatifs de Dominique et la correction de quelques dizaines de copies de droit public, je retrouve avec bonheur Cannes, le tapis rouge et le Grand théâtre Lumière. Au programme du jour, un film roumain et le premier film américain.

4 mois, 3 semaines et 2 jours (4 luni, 3 saptamini si 2 zile) de Cristian Mungiu

Etudiante à Bucarest sous le régime de Ceaucescu, Gabita est enceinte et, avec l’aide de son amie Otilia, décide d’avorter clandestinement.

Cristian Mungiu filme, avec un réalisme plus accusateur que complaisant, la descente aux enfers de ces deux jeunes filles. Une descente aux enfers qui est une illustration à peine surlignée de la réalité des sociétés communistes en général et de la Roumanie de Ceaucescu en particulier. Le pire de ces régimes n’était pas ce qu’on dénonçait généralement en occident (la censure, la police politique, les frontières infranchissables…), mais plutôt l’extrême dureté des rapports humains. Le communisme – et c’est un paradoxe – avait réussi à transformer la vie quotidienne en une mini guerre civile de tous contre tous, une sorte de stalino-darwinisme âpre et violent. Ainsi, quand l’avorteur exige deux passes pour prix de l’opération, on a une petite idée de la cruauté de cette société, où le moindre concierge d’hôtel est la réplique miniature du Conducator. Heureusement, l’amitié si forte et si belle qui unit Otilia, l’autodidacte lucide, à Gabita, la femme-enfant, rappelle qu’il ne faut jamais complètement désespérer de l’espèce humaine.

Et tous les arguments politiques et économiques du monde ne me feront jamais regretter d’avoir été de ceux qui ont toujours souhaité que la Roumanie rejoigne l’Europe. Pour qu'Otilia et Gabita retrouvent le sourire.


Zodiac de David Fincher

Il s’agit de l’histoire vraie d’un serial killer qui a terrorisé San Francisco à la fin des années soixante. A l’inverse du De sang froid de Truman Capote, Fincher ne s’intéresse pas vraiment au criminel mais plutôt aux journalistes et aux policiers qui développent une véritable névrose pour retrouver celui qui les nargue depuis si longtemps. Le film est américain, il n’est pas hollywoodien. Refusant tout effet spectaculaire, il se présente sous la forme d’un quasi documentaire de deux heures et demi. C’est long, très long.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est excellent!!! même plus besoin de lire Première, synopsis etc... tout est sur ce blog...

JoréVouluEtre1Artiste

Anonyme a dit…

oh non!!!! on s'en fiche! on veut des photos de toi PATRICKKKKKKK!!!!
QUAND T'entends PATRICK y'a beau goss qui va avec
Quand t'entends PATRICK y'a respect qui va avec ouèch ouèch !!!!
PTDR MDRRRRRRRRRR

Anonyme a dit…

Ayant vu le très beau (mais trop long) film russe "Le bannissement" qui traite aussi d'un avortement, j'ai peur que cette année le Festival de Cannes soit un tour du monde des avortements clandestins des dizaines de pays où c'est encore pratiqué. Le continent si cher à nos papes successifs est un lieu où l'aiguille à tricoter a encore une belle carrièe devant elle, et des femmes meurent encore. Comme l'Argentine.

V-ro a dit…

Intéressant de voir Cannes par vos yeux.
Le Québec ne s'intéresse que de très loin au festival et chauvinisme oblige parle de leur représentant plus que de l'ensemble.
Par contre est-ce moi où la sélection est franchement bonne cette année?
Ou plutôt disons moins intimiste et plus facilement accessible?
En tout cas je suis avec intérêt vos commentaires et je compose ma liste de choix pour les prochains mois à venir...